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Tito Topin, blog-trotteur.

ON Y DANSE, ON Y DANSE...

Le sujet de la dernière semaine d'août, voulu par une actualité récente, sera le pont. C'est majestueux, un pont, c'est grandiose, c'est du pur génie humain, ça laisse baba le spectateur ébahi. Il enjambe des rivières en crue, des autoroutes engorgées, des voies de chemins de fer que traversent des flèches d'acier, il enjambe des grands estuaires, des baies de San-Francisco et d'ailleurs, il dresse ses voiles à Millau, franchit des vallées profondes oubliées par le soleil, il reçoit des soupirs à Venise, il inspire Apollinaire, Aragon rencontre sur le Pont Neuf la chanson lointaine d'une péniche mal ancrée, il est flottant à Riga, transbordeur à Marseille, vecchio à Florence, à flèche, à bascule, tournant, à coulisses, en bois, en pierre avec des arches plein cintre ou semi-circulaires, en fer comme celui des Arts, à haubans comme à Brooklin. E pur si muove ! Et pourtant, il bouge ! E pur si badaboume ! Comme celui de Gênes.
De quoi s'étonne-t-on ? En Italie, les tours penchent alors pourquoi pas les ponts ? Ils s'écroulent au rythme de onze ouvrages d'art en cinq ans, nous apprend la télévision. Ils vrillent, s'envolent, s'affaissent et entraînent avec eux de malheureuses victimes car ils ne sont pas régulièrement vérifiés par l'ingegnere. Tout le monde sait que l'ingegnere transalpin préfère emmener sa famille et ses beaux-parents à la plage sur un scooter rouge, avec son parasol et son chien, en chantant à tue-tête Di pinto di blu, plutôt que d'aller mesurer l'arche d'un pont avec un mètre pliant sous un soleil de plomb. Qui le lui reprocherait ?
Combien de victimes a fait le pont d'Avignon quand le Rhône en crue en a emporté le plus grand morceau ? La télévision ne le dit pas. Mais pour qu'il n'emporte pas le petit bout qui reste, pour que le mistral ne le balaye pas de son souffle, d'immenses cars dotés du plus grand confort s'arrêtent dès l'aube à l'ombre des remparts papaux et déversent à longueur de journée des cohortes de gros touristes qui vont aussitôt danser tous en rond sur le pont d'Avignon et les gros messieurs font comme ça et encore comme ça et les grosses dames font pareil et encore pareil. Cela pour vérifier la résistance des structures. On voit comment, avec une simple comptine, on peut sauver des vies humaines.
 

© Tito Topin

www.titotopin.com

 

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