L'INTELLIGENCE DU POULPE ET DE SES CONGÉNÈRES.

25 Novembre 2018

Gilet rouge-gorge (à ne pas confondre avec le canari).

Selon une étude dirigée par G.J. Lacarbona, sociologue à l'Istituto de Ricerca Cognitiva de Turin, le Q.I. des individus ne cesse de diminuer depuis le début du siècle tandis que, par un effet de ventouse que tout le monde comprendra, celui du poulpe continue d'augmenter. Dans quarante ans, si la courbe ne s'inverse pas rapidement, écrit-il dans La stampa, nos enfants seront moins intelligents que ceux du céphalopode visqueux, pour ne citer que lui parmi les bestioles concernées par l'étude. Les premiers signes de l'effondrement de notre intelligence ont déjà fait leur apparition. Au Brésil, aux Etats-Unis(1), en Italie, en Hongrie, aux Philippines et ailleurs le suffrage universel a placé aux commandes de l'état des hommes d'une intelligence si médiocre qu'ils n'auraient aucune chance de gagner une belote coinchée contre un poulpe de condition modeste, l'expérience l'a prouvé. Dans notre pays, on a vu des personnes issues des classes moyennes, infirmiers, travailleurs sociaux, professeurs des écoles, personnels administratifs, techniciens de l'industrie, employés ou chefs d'entreprise, perdre leur raison et enfiler des gilets canaris pour se réunir dans des ronds-points où ils réclamaient des cafés chauds et des croissants à des automobilistes ne disposant pas du matériel nécessaire pour les satisfaire, provoquant ainsi une fracture sociale quand ce n'était pas une fracture du crâne.
La courbe de son Q.I. en chute libre, l'homme a pris conscience de l'urgence à y remédier mais au lieu de se greffer le cerveau du poulpe, il a créé l'intelligence artificielle, un ingénieux concept destiné à suppléer sa propre dégénérescence cérébrale. C'est un peu comme si, pour remplacer le foie gras qui viendrait à manquer, il fabriquait du pâté de foie de volaille en gardant l'étiquette du foie gras. Le problème est que l'intelligence artificielle exige davantage d'innovation, plus de croissance, plus de production, toujours plus de quelque chose sans trop savoir quoi ni pourquoi sinon que si elle s'arrête, c'est comme avec le vélo, patatras, elle tombe. Devenu idiot, donc inutilisable, l'individu est rapidement mis au chômage par ce besoin démesuré de croissance, remplacé par une machine avide de consommer plastique et pétrole et de réchauffer la planète. Ce n'est pas seulement la caissière de supermarché ou le pizzaïolo qui vont perdre leur place, mais c'est aussi tous ceux qui ont le bac + 10 et davantage, à savoir l'ingénieur, le radiologue, le vulcanologue, Carlos Ghosn, le pilote de chasse, le cancérologue, le géologue, le dermatologue et tous ceux qui se terminent par logue (logue, logie, logique, sont les suffixes qui désignent les disciplines du savoir). Hop. Poubelle. Au grenier de l'Histoire, le savoir. Vive la machine. Elle ne sait pas, elle ne sait rien, mais elle peut.
Impuissant, l'homme revêt un gilet canari et brandit des pancartes sur les Champs-Elysées en réclamant des petits pains au chocolat, des mois plus courts, moins de moustiques en été et une bonne retraite au bout de vingt-cinq années d'inactivité.
(1) Le président Trump, préoccupé par la situation de la France, se réjouit dans un tweet d'avoir combattu avec succès toute forme d'intelligence dans son pays.