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Tito Topin, blog-trotteur.

GLOBISH.

Dans les films hollywoodiens, lorsque Christophe Colomb pose enfin le pied sur la terre ferme, il interpelle un Indien en anglais et celui-ci lui répond dans la même langue. Lorsque Moïse sépare la mer Rouge en deux, il s'adresse à son peuple en anglais par la voix de Charlton Heston. "Let's go !" Lorsque Marco Polo visite la Chine et rencontre le premier mandarin chinois, il lui fait : “Good morning”, et le mandarin chinois s’incline respectueusement : “You're welcome, mister Polo, how is your wife” ? Ainsi éduqué par Hollywood, lorsqu’un Américain débarque dans un pays étranger, est-il choqué quand l'autochtone ne comprend pas un mot de ce qu’il baragouine. Il trouve cela inconvenant. Et si l'autochtone s'adresse à lui dans sa propre langue au lieu de parler anglais comme dans les films de Tom Cruise, il s’estime en droit d'appeler la police.

En fait, l'anglais tend à remplacer peu à peu le français à la vitesse d'un shinkasen japonais. Par exemple, le signe # se disait diese il y a encore peu de temps, aujourd'hui on doit dire hashtag ! Pourquoi, nom d'une pipe ? Pourquoi un mot aussi barbare, aussi peu latin, un mot aussi éloigné de nos racines grecques ? Le signe @ se disait arobase, aujourd'hui c'est at. C'est trop long, arobase, pas vrai ? Mais il était légitime, il provenait du castillan arroba(s), qui désigne encore une unité de poids (dite en français arrobe). Ce terme, attesté en Espagne depuis 1088, vient lui-même de l'arabe الربع (arroub), « le quart », pour un quart de l'ancien quintal de 100 livres, soit 12 kg environ. Et depuis le XVI° siècle le mot arroba s'est écrit au moyen de l'abréviation « @ ». Pourquoi un mot qui nous vient du fond des âges s'est-il soudainement transformé en cette laideur de "at"? Et pourquoi les gilets jaunes n'en parlent pas ?

Je n'ai pas mis de gilet jaune et j'ai adhéré au Collectif de Défense de notre Langue. Avec une centaine d'écrivains, de journalistes, d'essayistes, d'artistes de tous poils je m'indigne de la voir supplantée par des barbares parlant une sorte de globish aussi infâme que leur cuisine, aussi pathétique que leur service à thé en porcelaine chinoise sur la dentelle d'un guéridon. Et par courtoisie, je préfère ne pas parler de leurs femmes. Ni de leurs enfants. Et oublions leurs chiens. Mon Dieu, la tronche d'un bouledogue !

Nous demandons au ministre de la culture, entre autres choses, qu'aucune subvention ne soit accordée à une manifestation culturelle où un seul mot français serait remplacé inutilement par un mot anglais (comme le dernier salon Livre Paris qui se place sous la littérature Young Adult, par exemple).

Nous demandons au ministre de l'éducation, entre autres choses, de renforcer la protection des jeunes face aux agressions du globish. Aucun mot anglais ne doit désormais subsister dans les programmes scolaires.

Et moi, je demande à mes concitoyens de ne plus parler anglais dès que le Brexit sera officiel. Fuck you.

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