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Tito Topin, blog-trotteur.

Je m'baladais...

Je me souviens de mes dix-neuf ans, lorsque je découvrais Paris pour la première fois, un Paris qui me déçut parce que si sale, si vieux, si noir comparé à la blancheur de Casablanca d’où j’arrivais. Il faut dire que nous étions en 52, Malraux n’avait pas encore pris son chiffon pour nettoyer les façades de la crasse des cheminées d’usine qui ponctuaient encore la ville. Au milieu des séquelles de la guerre, les Champs-Élysées rutilaient de vitrines que je n’avais jamais imaginées, le café qu’on servait dans les galeries était incroyablement bon, les filles immensément belles, l’espoir aussi chaud que les croissants. Plus tard, Jean Yanne et Jean-Pierre Rassam ont installé leur société de production au 33 des Champs-Élysées, au-dessus de l’Aeroflot, à l’angle de la rue de Marignan. De leurs fenêtres, je voyais toute la perspective de l’avenue et la queue devant le cinéma qui affichait Tout le monde, il est beau… Je me souviens que Marcel Dassault finançait Les Chinois à Paris à condition que le film passât en exclusivité au cinéma Le Paris qui lui appartenait. Il habitait Neuilly et avait acheté à l’occasion tous les espaces publicitaires qui jalonnaient son trajet pour aller en voiture de son domicile à ses bureaux de Jours de France de sorte que les Champs-Élysées étaient recouverts de mon affiche. Je me souviens d’avoir arpenté l’avenue avec Rassam et Henri Langlois lorsque nous allions déjeuner au Chinois en étage qui était alors leur cantine, à l’angle de la rue de Berri.

Et me revient ainsi la chanson de Jo Dassin qui était sur toutes les lèvres. Je m'baladais sur l'avenue le cœur ouvert à l'inconnu, j'avais envie de dire bonjour à n'importe qui… Plus tard, quand j’ai écrit Navarro, les bureaux de la production Hamster se trouvaient au début de la rue Jean Mermoz, à l’angle de l’avenue qui, avec le temps, m’était devenue si familière que je n’en voyais plus la beauté.

À présent que des barbares, des vandales, des déchets d’antidreyfusards, des fils de GUD, des résidus de boulangistes, de poujadistes, de lepénistes, de racistes multiethniques, de nostalgiques de l’action française, ceux de la force, du refus, du rejet, de la laideur, ont dévasté mes souvenirs, sa beauté me revient. Intacte.

© Tito Topin

www.titotopin.com

 

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