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Tito Topin, blog-trotteur.

Brasserie du Théâtre XXXVII

La terrasse est vide, le mistral glacé. Les platanes perdent leurs feuilles. Elles crépitent sur le trottoir et finissent en tas bruissants, comme si elles s'apprêtaient pour une quelconque manifestation. Une cycliste pédale contre le vent, la main plaquée sur son béret. Le vélo tangue. Un couvercle de poubelle surfe sur la chaussée. Une volée de voitures klaxonne furieusement, des dentelles blanches accrochées aux portières. J'ai le temps d''apercevoir des visages graves derrière les vitres. Mariage transi. Autant en emporte le vent. Il me vient à l'esprit ce que me disait ce paysan de Villedieu, à propos du mistral. "Si je vais à la rabasse avec mon chien un jour de mistral et qu'il se met à gratter la terre, eh ben la truffe elle est pas là où il croit, elle est plus loin, là où le mistral a emporté son odeur, et si je mesure la distance entre le museau de mon chien et la rabasse je peux te dire par exemple : aujourd'hui on a un mistral de trente centimètres, ou de quarante." Ainsi donc, en Provence, on a des instruments pour mesurer la vitesse du vent qui ne coûtent rien en énergie, qui ne bouffent pas de pétrole, qui ne produisent pas de CO2, qui fonctionnent avec une ration de croquettes le matin et une autre le soir. C'est ce paysan et son chien qu'on devrait inviter à Glascow. Là-dessus, je rentre dans la brasserie. Ils ont mis le chauffage.

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